Dans « Oui ! La France est un paradis pour entrepreneurs », Fabrice Cavarretta lance un appel vibrant à cesser le Frensh bashing et revient sur les idées reçues : la France est évidemment une terre d’opportunités entrepreneuriales.
Fabrice Cavarretta est professeur à l’Essec. Il est diplômé de l’Ecole Polytechnique, titulaire d’un MBA de la Harvard Business School et docteur en sciences de gestion de Paris-Dauphine et l’Insead.
Le Français est-il plus entrepreneur que ses voisins ?
Très franchement, c’est difficile de répondre à ce genre de questions. Car l’entrepreneuriat est un phénomène multiforme. Par exemple, dans le livre, je distingue bien l’entrepreneur d’opportunité (qui a des forces et construit une entreprise pour la croissance) et l’entrepreneur de nécessité (pour qui l’entrepreneuriat est une simple substitution à l’emploi). Il faut aussi prendre en compte le fait que créer une boite n’implique pas la croissance, et qui n’implique pas qu’on devienne un champion national. Ceux qui auraient tendance à vouloir établir par les chiffres que « la France est pire » ou de manière plus précise « la France est pire pour la levée de fonds n°2 » sont plutôt en train de ‘faire parler les statistiques’, car franchement, quand on passe du temps dans ces chiffres, on y voit tout et son contraire. Difficile d’avoir une vision claire !
Globalement, l’appréciation va beaucoup dépendre du type d’entrepreneur, de la phase de la vie, et de l’intention. Maintenant, on peut répondre simplement à une question connexe : l’entrepreneuriat a-t-il une bonne image en France ? Et la réponse est clairement ‘moins bonne que ses voisins’, pour diverses raisons que j’analyse dans le livre. Mais attention : moins bonne image ne veut pas dire que c’est moins bien, juste que les gens le croient !
Quels sont les atouts de la France en tant que terre d’entrepreneuriat ?
La France a de nombreux facteurs de succès: le capital humain (on est très bien formés), des infrastructures de qualité qui fonctionnent, un système social robuste, un état qui aide énormément dans certaines activités (par exemple, le militaire permet l’émergence de la high-tech), une marque et un patrimoine hors normes. Et la France offre un choix de secteurs d’excellence très large : luxe, high-tech, tourisme, agroalimentaire, énergie, etc.
D’où vient l’idée que la France serait un endroit terrible où entreprendre ? Peut-on en finir avec le French bashing ?
Ce paradoxe prend une partie entière dans le livre, difficile de tout bien expliquer en quelques mots. Il y a le poids de l’histoire, le déclassement par rapport au XIXième siècle qui fait qu’aujourd’hui, on se trouve nul (relativement) … alors qu’on est bon dans l’absolu.
Il y aussi dans notre pays une convergence improbable pour ne pas donner une bonne image de l’entrepreneuriat : la droite adore se plaindre des réformes à faire (impôt, droit social, etc.) et prend en otage la question de l’entrepreneuriat en décrétant que c’est une activité « impossible » tant qu’on aura pas fait ces réformes. Et à gauche, l’entrepreneuriat est un mot suspect, une activité trop associé au grand capital pour être positive … Difficile dans ces circonstances de ne pas voir l’entrepreneuriat de manière suspecte.
De quoi a t on besoin pour qu’un ecosystème entrepreneurial soit bon ?
On a besoin de bons facteurs succès qui vont permettre la croissance, j’en ai parlé déjà. Et pour le reste, les autres facteurs (administration, etc.) il suffit que ce soit acceptable, pas besoin d’être excellent. Et la France rempli parfaitement ces deux conditions. Et d’ailleurs je montre dans le livre qu’en ce qui concerne certains de ces facteurs, tels l’administration ou le droit du travail, nous sommes moins mauvais qu’on le croit.
En quoi la France est elle un « paradis fiscal » pour entrepreneurs ?
Là encore, cela va dépendre de quel impôt l’on parle. Mais beaucoup de praticiens le disent, j’en cite certains dans le livre. L’idée est qu’in fine, on paye relativement peu d’impôt quand on réussit une affaire, pour peu qu’on s’organise en amont et qu’on accepte les conditions pour se loger dans les nombreuses niches fiscales.
Dans le livre, j’insiste sur l’idée qu’il y a des administrations fiscales bien plus méchantes que la nôtre, à commencer par l’administration fiscale américaine, la fameuse IRS.
La France est-elle réellement un paradis entrepreneurial à tous les stades de croissance d’une entreprise ? Le manque de capitaux n’est-il pas une réalité ?
Franchement, de mon expérience et en fréquentant des investisseurs et entrepreneurs depuis 25 ans, entre la France et les USA, j’aurais tendance à dire une chose : il y a trop d’argent ! Le livre rentre dans le détail de pourquoi alors que certains perçoivent un manque d’argent.
Dans quel secteur recommandez vous à vos élèves de monter leur boite ?
On a un très beau choix. La high-tech est évidente, car nos ingénieurs sont bons et pas chers relativement. Mais tout ce qui a rapport au terroir, à nos arts et traditions me fascine car il permet à de nombreux entrepreneurs de briller, dans la mode, la pâtisserie, etc. Même la gastronomie a été la scène d’un revival étonnant ces 15 dernières années en France. On vit une époque formidable !
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