Des agences d’assurance…à développeur en devenir

Rencontre avec Olivier Rouillard, bien décidé à quitter Paris pour s’installer en province. Mais être développeur en province, ce n’est pas aussi simple qu’à Paris…

 

Quelle était ta vie d’avant ?

Je n’ai pas à fuir la Défense mais plutôt éviter d’y venir. Et pourtant, je ne suis pas si loin de Paris que ça (1h30 de TGV). Juriste de formation, mon parcours a commencé dans l’armée de l’air où j’ai commencé à toucher à l’informatique, puis j’ai dirigé des agences d’assurance et immobilière, déjà une envie de reconversion se faisait sentir.
Ce sera les RH avec une envie de faire du recrutement, mais les aléas ou les opportunités à vous de choisir me mèneront vers la formation. C’est alors que je vais pousser mes réflexions plus loin.
Nous sommes en 2006, le numérique prend vraiment son essor (un projet de e-commerce en 1999 m’avait démontré que j’étais trop en avance) et j’imagine les bouleversements qui vont avoir lieu au niveau de l’organisation des entreprises, mais mon poste à présent d’enseignant m’entraine vers le e-learning. 2011, réorganisation dans mon entreprise et je décide de me consacrer à la rédaction de contenu e-learning. Des contacts avec une entreprise travaillant dans le domaine me démontrent qu’il est encore trop tôt, ils ont du mal à vendre le concept. Je cherche des compétences numériques au niveau local pour chiffrer le cout d’une start-up de e-learning ayant pour but le soutien scolaire et les ressources pédagogiques pour se perfectionner (exercices d’application, méthodes).
Au niveau local, peu de retour. Par contre de beaux échanges sur le Net et une collaboration sur un projet de e-learning pour le Maghreb va tout déclencher. Des problèmes techniques m’obligent à mettre les mains dans le cambouis, mais mes connaissances sont trop limitées.

 

L’élément déclencheur ?

Je demande pour la énième fois à Pôle-emploi une formation en numérique (en fait je demande depuis trois ans) qui m’est subitement accordée de surcroît en e-learning, d’après l’école je suis le premier en France à se voir financé une formation en e-learning par Pôle emploi(début 2015). Pour la petite histoire, les centres de formation ne voulaient pas me faire de devis dès que j’annonçais le financement Pôle emploi.
C’est parti pour une formation de Webmaster, fonction déjà obsolète me direz vous, oui pour la fonction mais pas pour le côté formation. On voit toutes les tâches pour la construction d’un site, que ce soit les questions juridiques, le choix de l’hébergeur, le référencement, les photos, le graphisme avant de commencer le code. On voit toutes les connaissances qu’il faut acquérir, on est un peu seul surtout quand on attaque le PHP en POO grand moment de solitude garanti. Et puis c’est le moment du stage.
Je dois préciser que je suis à Dijon, STOP !!MERCI pas la moutarde….on en a un peu marre. Métropole de 257 000 habitants, avec une toute petite activité numérique et un milieu pas trop enclin à échanger. Donc pas beaucoup de retour, mais je connais la région d’à côté….. la Franche-Comté pour y avoir travaillé. Je sais qu’ils n’ont peur de rien et relèvent tous les défis. A ma grande surprise je découvre le leader français de e-learning professionnel, après une visite à l’entreprise qui n’a rien à envier à une startup de la Silicon Valley (d’ailleurs la Silicon Comté existe), on me propose un stage dans l’une de leurs cinq écoles de code….celle de Dijon qui vient d’ouvrir.
Supers échanges avec les jeunes et moins jeunes développeurs, j’apprends beaucoup de choses, je m’aperçois qu’ils sont un peu seul de leur côté aussi et qu’ils ont du mal à trouver un stage sauf ceux qui vont sur Paris, Lyon ou…le Canada.
Je suis reparti chez moi réaliser quelques travaux, e-boutique en PHP avec panier et quelques essais en WordPress + une certification Google Digital Active.

 

Et maintenant ?

Et maintenant, je recherche un poste de développeur junior ……mais beaucoup de postes sont à Paris, beaucoup…..80, 90%. Beaucoup trop.
Le métier est en tension, je reçois beaucoup d’appels de Lyon de recruteurs qui se préparent à une grosse demande dans les semaines à venir.
Pour revenir au thème Fuyons la Défense, je n’ai pas à me plaindre de mon environnement de travail puisque je suis en situation que l’on peut qualifier de télétravail (e-learning, +skype pour les entretiens de recrutement) mais ce type d’organisation n’a pas vraiment les faveurs de l’entreprise en France. C’est même un peu lourd de voir les réticences.
Dans un domaine plus classique, nous avons ici à Dijon des milliers de m2 de bureaux vides….dans une zone perdue vous me direz…..non dans un secteur bien fait avec tramway, mélange d’habitations collectives, et individuelles, un centre commercial de 250 boutiques, une vingtaine de resto, un zénith, le tout agrémenté de parcs et jardins, écoles et crèches, il y a même un bar à sieste qui vient d’ouvrir. Je ne vous parle pas de la ville mais d’un quartier équipé de la fibre en plus. Les bureaux sont cinq fois moins chers qu’à Paris.
Je me dois de parler de nos voisins de Besançon qui font des efforts aussi avec le projet St Jacques, bâtiment très ancien et superbe sur les bords du Doubs en plein centre ville réaménagé pour accueillir des projets numériques.
L’espoir renait quelquefois quand on voit Claude Lelouch installé son école du cinéma à Beaune (40 km au sud de Dijon).
Finalement, ce n’est pas dur de se reconvertir mais rageant que tous ces efforts soient anéantis par la volonté de concentration parisienne.
Je pense que nous avons tous les éléments en France pour améliorer les conditions de travail , infrastructures, organisations, technologies….manque sans doute un peu de volonté mais je suis prêt à relever le défi.

Au plaisir d’échanger avec vous.

Olivier ROUILLARD

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