Ancienne consultante, Maud s’est lancée dans l’entrepreneuriat social. Elle pilote un projet qui permet non seulement le recyclage des matériaux mais aussi l’insertion professionnelle de ses salariés.
Quel était ta vie d’avant ?
Après une école de commerce, je me suis orientée vers le conseil en conduite du changement. Je voulais pouvoir expérimenter différents projets, environnements de travail, avec toujours au cœur l’accompagnement des Hommes dans des changements liés à leurs organisations, métiers, culture d’entreprises … Ces premières années ont été riches en enseignements : j’ai expérimenté les modes d’organisation et de fonctionnement de grandes entreprises et pris conscience de la difficulté, souvent, à faire évoluer des systèmes posés – et parfois figés – depuis plusieurs décennies dans leurs paradigmes initiaux. Même si j’ai vécu des missions intéressantes et variées, j’ai vite eu l’impression d’accompagner davantage des changements de procédures, des adaptations à la marge plutôt que de véritables changements dans les modes de faire, les valeurs, … Ayant grandi dans un environnement familial ouvert sur le monde, militant et solidaire, j’avais à cœur de m’orienter vers l’économie sociale et solidaire et ces premières années m’ont vite mises sur cette voie : retrouver le sens que je mettais derrière le mot « changement » en m’engageant dans des solutions concrètes, locales, viables économiquement et socialement pour le développement durable de demain.
L’élément déclencheur ?
Dur de savoir par où commencer quand on entame une transition ! Je ne savais pas s’il fallait repartir dans des études spécialisées – et lesquelles – ou si les compétences acquises durant mes premières années de carrière seraient utiles et suffisantes pour s’engager dans ces projets sociaux passionnants que je ne connaissais que par mes lectures et quelques rencontres. Et puis j’ai entendu parler d’On Purpose, qui gère un programme qui avait fait ses preuves à Londres et allait s’installer à Paris pour accompagner de jeunes professionnels à faire le pont entre l’économie classique et les organisations sociales.
J’avais trouvé mon tremplin ! J’ai mis toute mon énergie et ma motivation pour engager un processus de recrutement long et exigeant, mais qui m’a permis de rejoindre un programme riche et structurant. Pendant un an, j’ai eu la chance de découvrir de l’intérieur et via des missions à forte valeur ajoutée, le quotidien d’entreprises et d’associations tournées vers l’intérêt commun, la solidarité et la durabilité. Et en plus, en étant formée, coachée et accompagnée, une transition rêvée et qui m’a donné l’assurance et la confiance dans ma capacité à pouvoir moi aussi, à mon échelle, participer à cette économie d’aujourd’hui et de demain.
Et maintenant ?
Après le Programme Associé On Purpose, j’ai été embauchée pour lancer une entreprise sociale, Lemon Aide, un super projet qui combine le recyclage de différents types de matières et l’insertion sociale et professionnelle de personnes en situation d’exclusion. Pour la première fois de ma vie, je me suis engagée dans une démarche entrepreneuriale et c’est vraiment passionnant !
Ce tremplin que j’ai vécu avec On Purpose, j’essaye aujourd’hui de l’adapter à mon entreprise : les personnes que nous embauchons suivent également un parcours dense qui combine missions de travail variées, formations qualifiantes et accompagnement socio-professionnel individuel pour leur redonner confiance et ouvrir leur champ des possibles. Et ça marche, puisqu’aujourd’hui 80% des personnes accueillies dans notre dispositif retrouvent un emploi durable.
La plus grande leçon que je tire de cette transition : prendre justement le temps de la transition, de la réflexion sur ses aspirations et ses envies profondes et ne pas baisser les bras devant ce qui semble parfois un long chemin sinueux, car c’est toujours un temps précieux de gagné !
Racontez-nous ; on vous lit et on publie