Rencontre avec Nicolas Gauthier, qui est passé par l’aéronautique puis le conseil avant de changer de cap…
Quelle était ta vie d’avant ?
Je suis ingénieur de formation. J’ai fait l’ECAM, une école d’ingénieur généraliste et je me suis spécialisé en optimisation de production, en gros la diminution des coûts. Mon seul but à l’époque c’était ma réussite professionnelle, qui pour moi était synonyme de réussite sociale mais surtout financière. Je voulais m’acheter une grande maison avec une grande piscine et conduire ma Porsche pour aller au travail.
Ça a bien fonctionné pour moi, j’ai bien étudié et été dans les premiers de ma promo. J’ai ensuite travaillé pour Airbus en tant que manager qualité pour l’A380. J’avais clairement la réussite professionnelle, franchement travailler pour Airbus, c’est classe, mais pas encore assez d’argent. J’ai donc changé pour aller dans le conseil et ai doublé mon salaire !! Là j’y étais, tout ce que je voulais : assez d’argent par mois pour me permettre de dépenser sans jamais compter, mon travail m’emmenait aux quatre coins de l’Europe et je travaillais pour les plus grands noms de l’industrie européenne. Et en plus je me suis acheté une vieille Porsche. Franchement, que demander de mieux ?
L’élément déclencheur ?
Des éléments déclencheurs il y en a eu plusieurs. La transition s’est faite au fur et à mesure…
Le premier élément – et pas des moindres – c’est quand je me suis rendu compte que je n’étais pas du tout heureux. C’est dans l’avion que j’ai pris conscience de l’adage : “L’argent ne fait pas le bonheur”. Il faut vraiment en avoir pour se permettre de le dire, mais ce jour-ci, je réalisais que je n’étais pas heureux. Je passais ma vie loin de chez moi et à dormir dans des hôtels. Je travaillais avec mes clients avec lesquels je devais garder une relation distante et le soir, je dinais seul au restaurant.
J’ai passé 6 mois de plus à déprimer – de plus en plus – surtout le dimanche soir, jusqu’à ce que mon père me propose d’ouvrir une boite ensemble.
Ça c’est le deuxième élément déclencheur. Il faut savoir que j’avais toujours un peu rêvé de m’associer avec lui. J’ai alors tout quitté, je suis revenu vivre dans ma ville natale pour y cofonder notre entreprise. J’ai alors commencé à vivre ma vie pleinement, et en tant qu’entrepreneur. J’ai commencé à prendre conscience que je devais vivre ma vie pour être heureux dès maintenant, sans attendre ma retraite.
Le troisième élément déclencheur, et le plus décisif, a eu lieu grâce à un projet que nous avons démarré avec notre entreprise. Nous avons pris contact avec un entrepreneur social qui développait un filtre permettant de fournir de l’eau potable à ceux pour qui l’accès y est le plus difficile. L’idée était de s’associer avec lui pour l’aider à développer le projet. Cette expérience m’a rendu plus heureux que jamais en me faisant comprendre que je retirais bien plus de bonheur à rendre service aux autres, plutôt qu’a ne servir que moi.
Les choses ne se passaient pas au mieux avec mon père, nous avions des visions assez différentes dans notre gestion de la société, et le projet de filtre à eau ne cessait de me faire changer et de me tirer vers l’entreprenariat social. Après une énième dispute assez intense et en vue de conserver nos relations, j’ai décidé de quitter l’entreprise et de me lancer dans une cause plus grande que la mienne.
Et maintenant ?
J’ai rejoint ma copine dans l’organisation “Tiime” qu’elle a cofondé avec son associée au Luxembourg. Tiime a pour mission de promouvoir l’innovation sociale sous toutes ses formes : au sein d’une entreprise, dans le cadre de l’entreprenariat social ou de l’investissement social et également dans le cadre d’une ONG. Notre vocation est de faire en sorte que toutes personnes ou entreprises prennent systématiquement en compte l’impact sociétal de chaque projet qu’elle entreprend. Nous avons également à cœur de connecter les acteurs de l’économie sociale et solidaire en Europe. Nos interventions prennent différentes formes, des formations de quelques heures à plusieurs journées, du conseil ou encore du plaidoyer lors de conférences.
J’ai rejoint ce projet entrepreneurial originairement luxembourgeois et prends à ma charge son développement sur la ville de Lyon et ses alentours.
Pour plus d’info, je vous laisse aller voir notre site www.tiime.org
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