Après plusieurs années à passer des dizaines d’appels par jour pour recruter machinalement des candidats, Aude trouve sa nouvelle vie en faisant découvrir le vrai visage de la Colombie…
Quelle était votre vie d’avant ?
Après un Master en relations internationales et en langue et civilisation arabe à l’Inlaco (anciennement les Langues O’), j’ai trouvé un premier poste dans le recrutement pour les organismes de l’Économie sociale et solidaire. J’étais ravie de lier mon intérêt pour le secteur non lucratif avec un job dont les résultats étaient très concrets : recruter des candidat·e·s qui allaient faire la différence par leur fine compréhension de l’ESS combinée à des compétences classiques. Un vrai bonheur ! Puis j’ai connu une période de chômage et on m’a proposé un poste, toujours dans le domaine du recrutement mais cette fois-ci pour le secteur public. Chouette me suis-je dit, je vais découvrir un nouvel univers !
C’était la première fois que je travaillais pour une société marchande classique et l’adaptation n’a pas été simple. Les codes vestimentaires et les relations entre collègues étaient extrêmement éloignées de ce que j’avais connu. Je me retrouvais prise au milieu de discussions mortifiantes sur les dernières aventures des stars sorties tout droit de la presse people et j’avais l’impression que mes références culturelles et militantes ne trouvaient que peu de résonance dans cet univers feutré. Avec le temps, je me suis quand même rapprochée de certains collègues avec qui je partageais des discussions intéressantes, mais plus le temps passait plus je me demandais ce que je faisais là et un grand vide s’est progressivement installé.
L’élément déclencheur ?
Je me sentais dépérir à un poste qui ne m’épanouissait pas et dans un environnement qui ne correspondait ni à ma personnalité ni à ce que j’avais envie de réaliser. J’ai toujours adoré accompagner des personnes dans leur recherche d’emploi, discuter longuement de leurs expériences, et c’est précisément ce que je trouvais passionnant dans le recrutement. Là, on me demandait de passer 100 coups de fils par jour et d’écourter au maximum mes conversations avec chaque candidat·e. Le but était juste d’évaluer les profils le plus rapidement possible, tout était pensé en termes de résultats et d’objectifs à atteindre. Le contact humain était réduit à sa plus simple expression. J’ai commencé à ressentir un profond mal être en allant au travail le matin et je n’avais l’impression de redevenir moi-même qu’après 18h. Ma motivation était au point zéro, je n’étais pas dans les gratte-ciels de La Défense mais je me sentais étouffer. Après des mois au plus bas et une grosse remise en question, j’ai décidé de démissionner et de réaliser un projet qui me tenait à coeur depuis un petit moment : travailler à l’étranger ! J’avais besoin d’un nouveau souffle et de me recentrer sur mes besoins et mes aspirations. J’avais envie de renouer avec l’international qui avait été au coeur de ma formation et de ma vie, j’ai donc demandé et obtenu un visa PVT en Colombie pour expérimenter autre chose le temps d’une année.
Et maintenant ?
Aujourd’hui je suis gérante d’Heroes Tour (https://heroestourbogota.com). Mon quotidien, c’est donc de gérer une start-up créée par un jeune entrepreneur français avec un concept original : faire découvrir l’histoire de la Colombie et surtout lutter contre les clichés qui persistent des années après le règne sanglant des narcos sur le pays. Nous contribuons à faire changer l’image du pays à l’heure où le tourisme explose suite à la signature de l’accord de la Havane fin 2016. La Colombie est un pays résilient qui cherche à écrire une nouvelle page de son histoire pour enfin clôturer un conflit qui a duré plus de 50 ans et a fait de nombreuses victimes.
Depuis sa création en 2017, Heroes Tour a déjà accueilli 1500 participants de plus de 60 nationalités différentes, et figure parmi le top 10 sur Tripadvisor. Nous avons aussi été recommandés par Le Petit Futé 2018.
Mes missions sont extrêmement variées, de la recherche de partenaires à la structuration de notre équipe de guides multilingues, les journées s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Ce poste m’a donné l’occasion de développer de nombreuses compétences en gestion, comptabilité, communication… en anglais, espagnol et français. Je vois tous les jours des visiteurs du monde entier attirés par l’envie de découvrir, d’aller au delà des on-dit, et c’est gratifiant de les aider à comprendre l’histoire politique du pays qu’ils et elles vont parcourir.
Mon visa PVT touche bientôt à sa fin et je me sens désormais prête à rentrer en France pour construire un projet qui cette fois correspondra pleinement à mes aspirations et à mes valeurs, avec pour ligne de mire des relations humaines de qualité et porteuses de sens.
Racontez-nous ; on vous lit et on publie
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